•  

    Il me fait rire, le P'tit Robert Elec-tro-nique... Mais il a raison, la "vieille fille" est encore perçue comme cela !

    VIEILLE FILLE

    : femme qui a atteint ou passé l'âge mûr sans se marier
    (péj., implique des idées étroites, une vie monotone).

    Comme vous pouvez vous en douter, je trouve cela tronqué, en plus d'être rétrograde & hypocrite à souhait : à ériger, de manière indirecte quoiqu'avérée, l'union maritale comme idéal de vie pour les jeunes filles, on fait croire à celles-ci, et par extension, à la société toute entière, que les "vieilles filles" sont des frustrées qui ont raté leur vie {puisqu'elles n'ont jamais connu d'homme : ben oui, si elles sont seules, c'est qu'elles sont vierges (arriériste powa), les pôôôvres ! Et bien entendu, on ne s'imagine même pas une seule seconde qu'elles ont pu s'amuser avec des femmes ou quelqu'amant de passage, cela ne compte pas, voyons, quelle horreur}, qu'elles sont forcément laides & bornées ou encore, qu'elles en veulent à la terre entière, puisque - dois-je le rappeler - aucun homme ne leur a fait l'Honneur de s'intéresser à elles (ce qui est vraiment trop méga-top la honte, vous en conviendrez aisément).

    Une image d'Epinal, de Senlis, de Tarascon (ou de n'importe quelle ville, finalement) me vient alors, celle de la catholique à verrues, sévère, rachitique et bossue, aussi sensuelle qu'un saucisson rassis (peut-être croupit-elle par ailleurs dans quelque bibliothèque poussiéreuse la semaine, attendant impatiemment la messe le dimanche, sa seule sortie à l'exception de la visite à sa brave mère moribonde, à laquelle demeure entièrement dévouée, car il faut bien être tout de même dévouée à quelqu'un, sinon à quoi l'on sert, non mais). Alors que la fière épousée se doit d'être resplendissante dans sa robe de jeune vierge à volants, puis derrière son tablier, toujours heureuse de servir son mari et ses enfants qu'elle aime tant. Manque plus que l'Ami Ricoré, tiens. Je le trouve franchement dégueulasse celui-là, mais bon, il a le mérite de rassembler toute la famille, et ça, c'est important.

    Force est d'avouer que j'aime m'amuser avec les clichés, notamment parce-que je cerne ce qui se cache derrière depuis assez peu de temps. J'ai en effet longtemps cru que certaines de ces visions simplistes n'existaient plus que dans les villages les plus reculés, ou alors dans l'open-minded des plus de cent ans, abrutis par par le Bigdul et le Jour du Saigneur passés en boucle sur fond sevranesque avarié (remarquez, ils sont souvent sourdingues, alors ça se comprend à moitié). Cependant, il n'en est rien, aussi vrai que "finir seule" est encore vu ou vécu comme un échec pour la plupart. Je pense d'ailleurs être l'un des uniques cas du canton à qui cette situation, vue comme pathétique ou honteuse, ne me ferait rien, mais absolument rien du tout, tant ces apellations - outre le fait qu'elles ne risquent pas de m'atteindre (bien au contraire ;o)) - sont pour moi emplies de poils bleuâtres (= indices de la péremption), de rance, et de minous (= boules de poussière. On dit aussi des "moutons", dans nos contrées).

    Le chemin de la Liberté, on le sait, est truffé d'embû-bûches, et nous savons qu'il reste encore beaucoup de choses à accomplir ou à préserver. Nous disposons cependant du luxe (!) de pouvoir ici CHOISIR (dans la mesure du possible, certes) le mode de vie qui nous sied. & même si depuis quelques temps, certains membres de ma famille me tannent avec ces histoires de vie à deux (on ne peut pourtant pas dire que ça leur a réussi, sincèrement), j'entends bien vivre comme je le souhaite, sans emmerder personne (et j'aimerais réciproque se fasse, tant qu'à faire), et loin des diktats à la noix de pécan qui me donnent de l'eczéma atypique, comme on dit.

    Vivement que l'on m'appelle "vieille fille", tiens, je préfèrererai largement cela à un éventuel "Madame Robert Petit", qui sous-entendrait alors que, sans mon petit mari adoré que je dois chérir au quotidien, on me nie toute existence propre, toute individualité, toute personnalité... N'oublions pas non plus ce que l'on chuchote encore dans nos féroces campagnes : "La femme est faite pour l'homme, l'homme est fait pour la vie !"

    La "vieille fille" n'est pas une femme telle que certains barbons du machisme la conçoivent. Tant mieux, justement. Je signe des deux pattes (ces tares de TTC m'ayant appris à marcher sur celles de derrière), et les ferai parler. Une "fille", passé un certain âge, semble être encore, dans le langage commun, une bigotte encroûtée, ou alors une pute. & si c'était simplement notre Libre Arbitre (qui c'est encore, celui-là ?) qui faisait peur ? :o)

    Le non-nonos pas surnuméraire du tout*

     


    17 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires