Par
Chaminou1 dans
Passez-moi la bassine le
1 Septembre 2007 à 21:59
... Et nous font déprimer pour la journée.
Me rendre seule à la Braderie de Lille est toujours pour moi
l'occasion de passer le temps que je veux à explorer chaque stand tout en me
faisant aborder par moult voyants africains, témoins de Jéhovah au regard
illuminé et autres broutards arriérés qui croient bon de m'attirer à eux en
braillant des « nymphoooo » à qui mieux mieux (je ne vois
personnellement en quoi mon apparence ou ma tenue pouvaient susciter un tel
qualificatif, à croire que le fait d'être sans propriétaire et burqa
fantômatique suffit à me classer dans cette catégorie on ne peut plus
arbitraire). Bien que je ne m'y fasse toujours pas, je vous passe l'habituelle
« Eh, y a d'la moule, ici ! » proférée par de délicats touristes
en mal de reconnaissance pour vous parler de ce bradeux altier et somme toute
tellement abject qu'on se demande si l'on ne cauchemarde pas rien qu'en
l'observant trois minutes. Vous savez, ce genre de type si fier de sa petite
personne qu'il en oublie le reste du monde et qui se plaît toujours à
monologuer des âneries à longueur de temps pendant que Bobonne s'occupe de la
monnaie et répare les pots cassés (c'était le cas de le dire dans un tel
contexte). On en a tous/tes, je pense (et malheureusement), connu au moins un
dans notre vie.
Cet énergumène était donc en train d'emmerder une dame sous
couvert de drague, mais celle-ci, ô surprise, avait un peu plus de répondant
qu'un mollusque bivalve comestible et dépendant de son rocher. « Je ne veux pas de vous »,
a-t-elle alors répondu calmement, mais fermement, à l'importun.
Ce qui, bien évidemment, ne plut pas à cet excité, qui
répondit alors : « T'as tort, ma caille, tu verrais comment
qu'chuis bien monté » suivi d'un tristement mémorable : « Je vais te la mettre dans la
bouche, moi, ça t'fermera ta grande gueule ! »
[...]
Evidemment, je n'en revenais pas. Et d'avoir entendu ce crétin fini
proférer une pareille chose en toute impunité, et de constater qu'autour de
moi... Tout le monde riait ! Un grand moment de solitude comme je n'en avais
plus l'habitude, en somme. Mon « Ah, superbe » ironique et timide fut
totalement englouti par les rires gras.
La voisine de stand de ce crétin fini a fini par lâcher, en faisant mine de
s'esclaffer, un : « Ah, il est infernal, plusieurs jours qu'on le
supporte !» (ha, ha). La peur de « faire des histoires »,
évidemment, était sous-jacente. Alors on tolère, même si tout le monde sait que
l'hilarité est feinte, et que l'autre phallocrate de mes deux ovaires a bel et bien agressé (même de
loin, quelle franchise au passage) verbalement une femme qui a eu l'outrecuidance de lui résister. Bref, encore un qui a su clouer le bec à
tout le monde en procédant par intimidation sexiste. Je n'étais que de
passage, mais qu'est-ce que doit se permettre ce déchet, à longueur de
journée ? Je n'ose même pas l'imaginer...
À celles et ceux qui prétendent que le machisme est mort, je
vous conseille de sortir un peu, rien qu'un peu. Mais qu'on ne vienne en tout
cas surtout pas me dire que ce que je raconte n'est finalement pas bien grave,
et qu'il s'agissait juste d'humour, ou de « second degré ». Ces tares
ont assez de droits comme ça. Trop, même. Et je m'en veux de ne pas avoir su
intervenir comme il l'aurait fallu, quitte à me faire rabrouer par tous/tes ces
lâches et collabos.
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