• « Pendant toute mon enfance on m'a mis dans le crâne que j'allais un jour rencontrer le prince charmant, bien sûr....., il n'aurait pas été de bon usage de féminiser cette rencontre, bien entendu !

    J'ai grandi dans ce mythe de l'amour qui dure, de l'exclusivité amoureuse et de l'exclusivité sexuelle.

    Cette société capitaliste, patriarcaliste, normalisatrise, voudrait me voir ranger arbitrairement mes relations dans des tiroirs étiquetés... Le couple est un de ces tiroirs, statut, norme sociale. Le couple est considéré comme une condition nécessaire à mon épanouissement.

    Dans la sphère familiale, relationnelle,... j'entends toujours ces fichus questions : "Toujours pas de petit copain ?", "Tu as l'âge de te marier maintenant", ou encore "Comment vont tes amours ?".... et la liste est longue. Le couple revient à me mettre une étiquette, me ranger dans ce tiroir, dans cet espace, où l'image en elle-même de celui-ci m'étouffe, me camoufle.

    Et lorsque l'on me demande : "Madame ou Mademoiselle" en regard entendu. Alors là, c'est la corde autour de mon cou qui me fait ravaler ma salive au lieu de lui cracher dessus. Interpellation perverse, à mes yeux, pour marquer mon appartenance à...

    Je trouve personnellement le thème du couple assez chiant. Le couple en tant que mode de relations interpersonnelles basé sur l'exclusivité nous est imposé comme norme socioculturelle où se cantonnent deux personnes, ne laissant pas d'espace pour l'autonomie. Je refuse cette étiquette, cette norme.

    Je veux pouvoir aimer différentes personnes, à divers degrés de proximité affective et/ou sexuelle, construire différentes relations dans le temps ou fugitivement, simultanément ou non.

    En tant que personne, mes comportements sont construits socialement ; mes sentiments, mes ressentis et mon rapport à l'autre... Je ne peux pas me mentir à moi-même. Je ne peux donc pas décréter que je ne ressentirai plus, que je n'exprimerai plus ni possessivité, ni dépendance affective, ni toutes les autres émotions ou attitudes que je refuse d'un point de vue théorique.

    Je veux pouvoir vivre d'autres alternatives comme la non exclusivité, qui tout en se vivant, se pense.

    Je ne peux me résoudre à laisser la dictature du non-dit réguler, par défaut, mes rapports amoureux.

    Adopter en la matière une posture spontanéiste revient à supposer que mon ressenti s'adaptera, de lui même, à mes idées.

    Ce serait laisser libre cours au processus de refoulement de celles, parmi mes émotions, qui entreraient en opposition avec mes opinions. Partir de cette supposition ne peut que créer et/ou renforcer le décalage entre mes attentes et celles de mes "partenaires".

    Ces considérations m'amènent donc à rechercher, à construire des relations, au sein desquelles il pourrait être aisé, à moi et à mes "partenaires", d'exprimer, d'extérioriser attentes et envies, frustrations et déceptions. Mais il est selon moi important de prendre le temps, de ne pas se satisfaire d'une façade officielle reluisante et politiquement correcte, de prendre du recul et de réviser son point de vue à mesure que la situation évolue.

    Ainsi, peut-être, est-il possible de construire l'autonomie.

    L'articulation entre l'individuE et le collectif est un combat permanent. Y compris quand le collectif ne rassemble que deux personnes ».

    Naïta (source : fanzine lillois Basta ! )


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  • Que diriez-vous d'une historiette anti-sexiste pour finir Noël en beauté ?

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  • Il y a de cela quelques années, sceptique et sans doute assez lâche, je n'osais encore que très peu la ramener, préférant alors fuir qu'affronter, notamment face à un groupe prétendument soudé et établi.


    Faut dire que peu sûre de moi certain-e-s m'avaient rendue, en minimisant situations & comportements douteux, ou en me disant que j'avais tort, que rien n'était grave et qu'il ne fallait pas s'énerver bêtement.


    Cependant, cette petite voix qui, au fond de moi, me murmurait qu'il ne fallait pas me taire s'est mise, elle, à hausser le ton : « Non, Cha, y a des choses qu'on ne peut ni laisser dire, ni laisser faire ! Et que t'importe le jugement d'autrui lorsque l'incautionnable s'en mêle, selon toi ? »... Alors je me suis mise à discuter, expliquer, témoigner, cela d'une manière obstinée, c'est vrai. Sans doute voulais-je me rassurer, que l'on arrête de me répéter que j'étais parano ou d'entendre dire que nous vivions dans le Meilleur des Mondes (celui des Bisounours, pas celui d'Huxley), et que si malgré tout s'y logeaient des choses profondément injustes, personne n'y pouvait rien, et surtout pas un petit félin révolté.


    Mon éveil a donc été progressif (et sans prince charmant : le statut fofial de l'étalon & la passivité, trop peu pour moi). En arrêtant de me forcer à suivre certaines conventions, je me suis évidemment octroyée un plus grand espace de liberté (et pas mal d'emmerdes aussi : évidemment, c'est compris dans le pack). Et j'y ai pris goût. Ce qui bien entendu m'éloignait de mes fréquentations d'alors qui, sans doute inspirées d'idéaux sauce Panurge, étaient prêtes à effacer personnalité et convictions profondes pour le simple souhait d'intégrer une « bande ».


    « Mais à quoi bon, me disais-je alors, faire partie d'un tel ensemble si c'est pour se perdre soi ? »

    Puis je relativisais en me persuadant qu'il fallait que je comprenne que certain-e-s n'aimaient point la solitude, partageaient beaucoup d'intérêts communs avec la masse, ou étaient influencé-e-s par la vogue des feuilletons de type Friends, que moi-même je ne visionnais pas.


    N'empêche que je n'étais pas impressionnable, et que je trouvais ces groupuscules locaux fort peu sincères.


    Peu à peu, mon tempérament solitaire s'est affirmé sans retenue. Plutôt sociable, je préférais néanmoins être au calme, m'instruire ou errer sans compagnie, privilégier les comités restreints... Les expériences du passé m'ayant prouvé qu'une personne pouvait être bien plus profonde et sincère en duo qu'en meute. Moins de choses à prouver, sans doute. Ou confiance gagnée ? Qui sait, on peut toujours hypothéser.


    Seule, sans grande obligation sinon que celle d'effacer mon nom de certaines sphères, je menais ainsi ma vie tranquille, à l'écart des communautés forcées, collègues et autres camarades que le dépit souvent nous impose. En effet, j'étais devenue Hérémiste, réputationnée asociale, parasite ou profiteuse (mais ça, c'est encore une autre histoire ;o)). N'empêche que j'avais la paix et que je pouvais fréquenter (ou non) qui je voulais, sans avoir de compte à rendre à personne, pas même aux pantins de l'ANPE ou à certaines vieilles connaissances que je qualifierais d'intéressées.


    Puis j'ai étudié, sans doute poussée par la curiosité, les forums, du Capitole au Palatin. Ces espaces de discussions virtuels, qui se muent parfois si vite en vaste terrain de jeux ou de bataille. Et j'ai alors redécouvert ces comportements grégaires qui jadis me foutaient mal à l'aise : sujets tabous, boucs émissaires, cerfs de combat, banalités. Défouloirs nocturnes et sujets qui dérangent, bien vite bannis selon les cas, puériles bassesses et gros égos meurtris, ou au contraire, gonflés à bloc. Une parfaire restitution de ce que j'observais lorsque je sortais au restau avec mes acolytes facultaires, et où loi du plus fort côtoyait sans peine hypocrisie, orgueil, et brimades, empathie décuplée envers celui que l'on connaît et qui nous est proche, vif rejet de la différence (en dépit de certains discours pseudo-tolérants à la noix)... Bref, ces petites comédies humaines me sont revenues en pleine face et m'ont particulièrement agacées, moi qui m'étais détachée de ces fonctionnements sociétaux.


    Mais j'avais surtout oublié cela : "on n'aborde pas les sujets qui fâchent et on balaye d'un revers de manche tout agitateur visant à perturber la bonne marche dominante du groupuscule donné". Bref, on se fiche pas mal de ton courage et de tes opinions si le contenu de ton argumentation ne plaît pas, par exemple, à Bubu, habitué du forum que l'on voit de temps en temps « en vrai », et avec qui faudrait pas se fâcher, parce qu'il est dans notre intérêt de le garder sous le coude ou qu'on en a peur, qui sait...


    Au moment où, empreinte d'un ralbol provoqué par les derniers collabos en date, je souhaitais justement évoquer cela plus longuement, voilà que je tombe sur le Tome 5 du manga Ki-Itchi à la Médiathèque de Lille, qui depuis peu ferme à 19h (oui, il est de coutume que je distille une info pratique dans mon verbiage, pour qu'au moins mes entrées bloggesques servent à quelque chose).


    Ki-Itchi, c'est ce fameux gamin, brut de décoffrage, adulte avant l'âge et grand révolté, qui assume très tôt sa solitude et son besoin de faire bouger les choses. Après avoir passé quatre ans, isolé dans la montagne, le voilà chez ses grands-parents (ses ascendants sont morts devant ses yeux, poignardés par un dingue en pleine rue), et... Scolarisé !


    Totalement écoeuré par les petites mesquineries de groupe qu'il constate assez vite (certains comportements étant particulièrement cruels), le voilà qu'il rue sur les brocards, faisant fi du mensonge et de l'hypocrisie ambiante. Car lui sait qu'il n'est pas fou, et qu'il y a des injustices qui ne pourront pas être réglées par le commun des mortels (plutôt commun ou mortel ? Boah, les deux. Bonjour le cumul, tiens).


    Et voilà ce qu'en conclut son brillant camarade Kai :


    Les hommes ne pensent plus lorsqu'ils sont en groupe. Ils s'amusent, c'est tout...


    Ils s'abritent derrière l'opinion de la majorité, il tissent des liens superficiels...


    S'amusent, collaborent et font semblant d'être unis, pour ne plus être seuls. Et ils finissent par faire la chasse aux sorcières !


    La sorcière de notre classe, c'est Misato. Je ne fais pas exception à la règle. Je ne vais pas jouer les victimes. Je fais partie de ceux qui chassaient la sorcière.


    Je ne tiens pas à montrer du doigt le clan Gosaki, qui avait la franchise d'agir en plein jour...

    Mais j'aimerais que nous nous remettions en question.


    Tout le monde a fermé les yeux par "solidarité". Nous savions et, quelque part, nous approuvions. Mais maintenant, nous pouvons nous unir pour une plus noble cause...


    Sauver le seul à avoir eu l'honnêteté de réagir : Ki-Itchi !


    J'ai adoré cette séquence. Elle représente tout ce que j'aurais voulu dire à ces gens qui, malgré tout, continuent à se battre pour une cause qui leur semble juste, et ce parfois jusqu'à la mort.

    Kai a un discours clair et concis. Il a compris très tôt certaines choses. Et en découvrira de bien plus sordides dans les tomes suivants (« chien et beurre »...)


    C'est également par la suite que nous découvrirons que Misato, persécutée par ses camarades (bourreaux ou complices passifs), est prostituée tous les soirs par son père, lequel dispose d'une liste de clients regroupant toutes les bonnes âmes et personnes influentes (laissez-moi rire) du Japon. Une injustice de plus rapport à laquelle devront se heurter Kai et Ki-Itchi, par « devoir » avant tout.


    Quelques extraits autres, et qui m'ont interpellée :


    Scène en seul à seule avec Misato


    Misato : S'il y avait d'autres filles comme moi dans la classe, tu les aiderais toutes, même si tu ne les aimais pas ?


    Ki-itchi : Je ne comprends pas.


    Misato : Tu... Tu ne m'aimes pas, tu n'as donc aucun intérêt à m'aider. Tu sais... J'ai peur. Je... Je suis en train de trahir mon père et de l'abandonner. C'est très grave.


    Ki-itchi : Si toutes les filles de la classe étaient dans la même situation que toi, je ferais exactement pareil. C'est tout.

    Je ne supporte pas les choses... Laides.


    Scène avec Shizuka, le « rebelle » des médias


    Shizuka : Les personnes qui ne sont pas dupes se gaussent de la naiveté, de ceux qui veulent encore croire en des utopies et se voilent la face. Mais ces personnes éclairées n'ayant pas de pouvoir... Elles ne font que parler fort, brasser de l'air et cracher puérilement leur venin


    Ki-itchi : Moi... Je suis puéril ?


    Shikuza : QUI SAIT ? C'est un mal national, toute la société japonaise est touchée.


    Ki-itchi : On se moque des autres.


    Shikuza : Bien au contaire !


    Ki-itchi : Hein ?


    Shikuza : Ta croisade pour sauver Misato va se heurter de plein fouet à l'apathie lâche de ce pays... Le poing de la colère va s'abattre !


    Scène d'un repas dans la voiture avec Bakamura, gros mou indolent


    Shikuza (à Bakamura) : Toi, tu es du genre à supporter que des gens qui détestent le poisson cru puissent dire qu'ils adorent le maki californien, pas vrai ?


    Bakamura (se goinfrant) : Ben oui...


    Shikuza : « Effet de mode » et « Opportumisme », ça t'évoque quelque chose ?


    Bakamura : Opportunisme ? Bah si on trouve ça bon, où est le problème ?


    Shikuza (à Ki-Itchi) : Considère Bakamura comme ton pire ennemi.


    Scène d'intérieur, avec le papy


    Grand-père Ki-Itchien : Croyez-vous vraiment qu'il soit bon d' enseigner à Ki d'appliquer la Loi du Talion dès qu'il se trouve face au moindre obstacle ?

    Pensez un peu plus à son développement ! À son avenir !


    Kai : Vous parlez d'avenir mais celui de Misato est déjà brisé... Il est normal que ceux qui l'ont souillée payent le prix de toutes ces horreurs !


    Grand-père Ki-Itchien : Quand bien même ! Ce n'est pas à vous ou à Ki-Itchi d'en décider. C'est le rôle de la justice !


    Kai : Vous êtes un utopiste, grand-père...


    Grand-père Ki-Itchien : En quoi suis-je utopiste ?


    Kai : Mon père fait partie des « clients » de Misato... Mais j'assumerai mes choix jusqu'au bout, devraient-ils le conduire à la peine de mort. Cela dit... Il n'existe pas de peine qui puisse dédommager Misato. Rien ne « répare » une vie sacrifiée !

    Vous ne croyez pas ?


    Grand-père Ki-Itchien : Qu'est-ce qu'un enfant peut connaître aux réalités de la vie ?


    Kai : Un regard naïf est souvent plus à même de repérer les aberrations d'un système qu'un regard blasé par des années de compromis.

    Prenons Ki-Itchi. Il est révolté par ce qui est arrivé à Misato et s'est érigé en juge.

    Nous ne devons pas être utopistes, mais probes...

    C'est mon intime conviction.


    Cha : Voilà quelques pistes intéressantes.


    Qu'en pensez-vous ?




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