• Galanterie, tu m'auras pas

    Affaiblie par ma maladie, je dois reprendre des forces, mais également me refaire quelques muscles : je ne me sens pas sécure avec ces membres de coton. Me voilà repartie, sac au dos, trolley et valisette que je peine à soulever. J'ai voulu m'encombrer d'inutile, je me dois d'assumer. Or, un charmant humaniste, pris alors de pitié pour la pauvre petite fourmi laborieuse que je suis, me propose gentiment son aide. Quelle empathie, je suis touchée, mais refuse - poliment mais fermement - son assistance ô combien désintéressée (ne soyons pas paranos, voyons ;o)). Alors tombe le loup, et me voilà brutalement devenue une « sale pute », une « pouffiasse », et puis, et puis... Pour qui est-ce que me prends, d'abord, à oser refuser les av, euh... L'aimable contribution de ce charmant jeune homme

    Eh bien, juste pour moi-même : une fille qui n'a pas besoin d'aide et souhaite se débrouiller seule en colportant ses bagages d'un lieu déterminé à un autre. Merci.

    Peu de temps après cette incartade, je dévore Ainsi soit-elle de Benoîte Groult et tombe sur cet extrait :

    « Exit la fameuse galanterie française, un bel attrape-nigaudes et qui ne s'exerce jamais qu'à l'intérieur d'une classe. Avez-vous jamais vu un « Monsieur bien » prendre la valise d'une femme moche et pauvre avec un bébé dans les bras sur un quai de gare ? Si la fille est très jolie, il se précipite ; c'est tout juste s'il ne lui propose pas de porter son sac à main. Si c'est une « Dame bien », elle aussi, il arrive qu'on lui propose son aide selon une fréquence qui décroît inexorablement avec l'âge de la dame et une remontée au tout dernier carat , quand la mort n'est plus bien loin. Mais une vraie pauvre femme pas trop spectaculaire, simplement usée et lourdement chargée, pourra parcourir la longueur d'un train sans qu'un bras masculin se tende vers elle.

    La dernière que j'ai vue, gare Montparnasse, était enceinte et portait un bébé dans les bras. Tous les 50 mètres, elle changeait son enfant d'épaule et sa valise de main. Ce n'était ni un objet érotique ni une bourgeoise. Dans ce train d'hommes d'affaires (le Goéland) où beaucoup ne portaient qu'un attaché-case, personne ne l'a seulement regardée : étant moche et fatiguée, ce n'était plus une femme.

    Alors qu'on nous fasse grâce de la galanterie, brandie comme le privilège exquis de notre condition féminine : il ne s'agit que d'une manifestation de l'instinct sexuel.

    La vraie chaleur humaine naît d'un sentiment plus franc et plus rare et qui n'a rien à voir avec le sexe ».


  • Commentaires

    1
    Flou
    Mercredi 5 Décembre 2007 à 00:38
    cloisons
    Oui je suis d'accord, la galanterie c'est un truc opportuniste. Les hommes (comme les femmes) pour la majorité ne sont pas altruistes mais intéressés. Moi aussi je suis ainsi. Mais je n'use pas de la galanterie, je trouve ça trop faux. Je ne suis pas faussement galant et je n'aborde pas les femmes. Les hommes oui, je peux leur parler. Mais les femmes non, jamais, car automatiquement je serais suspecté de drague et elles se méfieraient. Et elles auraient raison. Mais moi... Mais moi j'aurais bien aimé leur parler quand même. J'aurais bien aimé qu'il n'y ait pas un mur entre tous ces gens. C'est comme s'il y avait 2 planètes différentes. Chacun se méfie des habitants de l'autre planète.
    2
    Mercredi 5 Décembre 2007 à 00:42
    Clivages
    "je serais suspecté de drague et elles se méfieraient. Et elles auraient raison" > Pourquoi ? N'as-tu pas envie de parler à une femme de manière désintéressée, tout comme tu parlerais à un homme ?
    3
    Mercredi 5 Décembre 2007 à 08:30
    une vieille histoire ...
    Dans l'autre sens ça existe pourtant... tant de femmes vont à la rencontre d'autres personnes hommes ou femmes, simplement pour faire le geste qui aide... alors pourquoi les hommes ne feraient pas de même! C'est une question d'éducation là encore !!! Hélas !!! C'est là qu'il faut nous empoyer à faire bouger les choses... Mais on y est pas prêts... nous reculons même ! C'est à la racine que l'on doit prendre le mal... Et puis il faut que les femmes soient prêtes aussi.. certaines sont aussi sexistes que les hommes et se laissent bouffer par le genre qui n'a rien d'humain parfois !!!
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    4
    Mercredi 5 Décembre 2007 à 22:43
    C'est vrai...
    ...que la galanterie n'existe presque plus sans arrières pensées et c'est bien dommage. Je te comprends, c'est très énervant comme situation. Ce gars qui t'a insulté est un sacré enfoiré, s'il t'a insulté c'est parce qu'il savait que tu avais vu son jeu. Comme beaucoup, il n'a pas beaucoup de cervelle et t'as insulté de mots qu'il ne connait apparemment pas la signification... S'il avait un peu réfléchis, il saurait qu'une "sal**pe" ou une "pouff***e" est le genre de filles prête à se frotter à tous les "mâales" dès qu'elles en ont l'occasion. Alors quand une femme voit d'avance leurs intentions, et refuse de laisser faire, c'est tout le contraire d'une "pouff***e", c'est une femme intelligente et respectable. Ces gars là n'ont décidément rien compris... En tout cas, continue de ne pas te laisser faire!! A bas les machos sans cervelle!! Bonne soirée :)
    5
    Jeudi 6 Décembre 2007 à 16:55
    De toute façon...
    ... Avec ce genre de phallocrate aigri, ça ne va jamais : quand ils ont l'impression que tu les regardes dans les yeux, t'es une pute, quand tu ne réponds pas à leurs avances agressives & déplacées, t'es une pute aussi, tu leur demandes juste l'heure sans fooorcément vouloir aller plus loin, t'es encore une pute, tu te balades habillée en jupe au-dessus des chevilles (sacrilège !), pute, tu leur demande des excuses quand ils te poussent dans le métro, pute, et pute, et pute, et encore et toujours pute (quoique : un jour, j'ai eu droit à "enculée" parce-que je ne voulais pas filer quelques euros à un inconnu)...
    6
    Jeudi 6 Décembre 2007 à 17:03
    Waouuufff...
    hey les nanas... Un problème avec les Zhommes ?... Vous savez... avec l'égalité par çi... l'égalité par là... L'émancipation... L'indépendance de la femme... Et bien ... faut plus s'étonner que les mecs...on oublié la galenterie... De la à considérer toutes les femmes comme des putes !... faut pas abuser ! Mais j'oubliais : Les hommes sont tous coupables... mais les femmes d'aujourd'hui, des années 2000 : Elles sont coupables de quoi ?...
    7
    Jeudi 6 Décembre 2007 à 17:17
    Un problème ?
    Non, pas avec les hommes. Avec les misogynes qui nous emmerdent, nous agressent, nous violent... Oui, par contre. Et cela me semble on ne peut plus légitime. On est des humain-e-s, pas des poupées. Sinon, je me fiche pas mal de la galanterie (= sexisme déguisé) des mecs, justement. Pas besoin qu'on me foute hypocritement sur un piédestal. De la courtoisie, du respect, du savoir-vivre envers tout le monde, voilà qui suffit amplement.
    8
    Lundi 10 Décembre 2007 à 15:05
    j'ai jamais aimé la "galanterie"
    je me méfie un peu des services vraiment désintéressés, je pense qu'on cherche toujours à se faire plaisir, mais est-ce mal ? de se dire "j'suis vachement sympa, j'aide" ;o) bon bien sûr si c'est un prétexte à chercher des crosses à une femme :o((( certains hommes se croient tout permis ! j'ai jamais aimé la "galanterie" c'set toujours plein de sous-entendus. Les fleurs et autres petits présents qui lui feront tant plaisir, je suis over heureuse qu'il ne m'en offre pas ! Je préfère un homme ou une femme entier-e qui me parle au quotidien et me considère normalement. L'esprit galant c'est aussi laisser la femme récurrer les toilettes, faire le ménage et la bouffe, s'occuper des enfants et descendre la poubelle ... c'est sûr que de lui tenir la porte et de porter la valise ça mange pas de pain. D'ailleurs je suis pas galante mais j'évite tout de même de laisser la porte tomber sur la personne qui me suit !!! et je tiens aussi la porte ouverte aux hommes qui entrent les bras chargés ... question d'humanité ^^
    9
    Mardi 11 Décembre 2007 à 21:15
    Boui !!!
    Bien d'accord avec toi, Emelire, c'est trop facile, tout ça. & puis bon, le fait qu'un inconnu vienne au devant de moi pour me prendre mes bagages alors que je n'ai absolument rien demandé m'agace au plus haut point. Quoi de plus indélicat ? Si vraiment j'ai besoin d'aide, je fais le pas, c'est tout.
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