• Invisibles barreaux

     

    Aujourd'hui, j'ai sillonné, le ventre lourd et l'âme en peine, les rues de ce Lille qui sut me charmer il y a de cela quelques années. Années au cours desquelles je me souviens avoir progressivement perdu une "amie", laquelle avait pour moi le tort de vouloir pricipalement vivre dans le regard des hommes. Cette tendance (qui lui faisait par ailleurs perdre de vue le reste), ainsi que son compagnon qui, paraît-il s'intéressait à moi, ont fini par nous séparer pour de bon. L'instigatrice d'un désir feint dont je fus par définition jugée seule responsable m'avait de prime abord bêtement culpabilisée, puis fait prendre conscience des perceptions et autres conditionnements qui pouvaient polluer la vie de mon accusatrice. Victime, comme on aurait pu le prédire, des insatiables humeurs de celui qu'elle semblait vouloir se garder l'exclusivité, la voilà qui, aux dernières et hasardeuses nouvelles, persistait à se dire qu'il était - malgré tout (et l'on notera le "tout" en question qui, connaissant le personnage, en dit plus long que tout le reste) - grand temps pour elle de vivre en couple et de fonder une famille. Après avoir sorti les dernières statistiques en date pour se rassurer ("Suis-je dans les temps où dois-je déployer une stratégie à la Bridget ?!"), il semble d'usage d'éloigner tout ce qui peut être perçu comme une concurrente potentielle (ce qui au passage, est tout à fait me connaître), seule chose à laquelle je souscris des deux pattes, lasse d'avoir à répéter deux mille et sept fois les mêmes évidences...

    Je ne vous cache pas, une fois de plus, mon amertume. Mais il ne s'agit pas là d'accuser le contrecoup en agonisant véritablement qui que ce soit sans se poser quelques questions, notamment relatives à l'étendue de ce système patriarcal, lequel continue à distiller insidieusement des comportements qui, on le sait, tendent à me faire méditer. Pour moi, il est pourtant plus que temps d'être solidaires, et nous devons passer outre cette pseudo-rivalité qui, de tous temps ou presque, a visé avant tout à nous diviser.

    Il est par ailleurs évident que j'aurais voulu que cette personne comprenne que je ne souhaite aucunement ce type de relation malsaine et chronophage, pas plus que je ne rêve d'ingurgiter les notions de propriété et d'exclusivité qui, si elles peuvent se justifier parfois, m'ont lassée à tout jamais rapport à cette tranche de vécu en particulier.

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Avril 2007 à 11:47
    Paternalisme intériorisé
    Encore un texte qui fait prendre conscience des barreaux intérieurs dressés par le paternalisme. Ca commence dans la conviction qu'on naît pour rendre heureux un homme, et ça finit dans le décompte des liens perdus pour de mauvaises raisons... Ce n'est pas si facile d'exister pour soi quand on est conditionnée à vivre pour les autres...
    2
    Vendredi 27 Avril 2007 à 18:16
    approuvé !
    Oui c'est tout à fait ça,et la vivante petite fille devient la femme blasée et laminée :o( toute donnée au service des autres. J'ai vécu près d'une fille comme ça, on était jeunes, même style jalousies de sa part, etc. Je supportais pas d'être jugée, surveillée, un peu comme avec les parents finalement, là où les rapports pouraient être amicaux,simples. Je ne sais pas d'où ça vient, mais c'est à fuir ... ;o)
    3
    Flou
    Vendredi 27 Avril 2007 à 19:13
    oh, quel affront
    Ton analyse est intéressante.
    4
    Vendredi 27 Avril 2007 à 23:47
    Pas facile...
    ... les amitiés féminines, toutes ces rivalités, ces visions des choses peu réfléchies, & qui gâchent tout. A bien y réfléchir, oui, je ne suis pas seulement triste pour moi, mais aussi pour ces personnes, que je n'aurais pas su prévenir. Toutes celles qui excuseraient bien des torts à "leur homme" mais surtout pas à leur "amie". Oh, tout serait plus simple si nous étions de hom, euh... sans ces barreaux. Je souahitais également faire allusion au climat politique ambiant (de la notion de combat à al solidarité), mais j'ai supprimé ma chute. ;o{
    5
    Vendredi 27 Avril 2007 à 23:48
    Et pourtant...
    Plus le temps passe, & plus je tombe de haut.
    6
    Flou
    Samedi 28 Avril 2007 à 15:36
    hom ?
    "Oh, tout serait plus simple si nous étions de hom, euh... sans ces barreaux" > J'ai pas compris ce que tu commençais à dire.
    7
    Samedi 28 Avril 2007 à 17:42
    Des hommes !!!
    Oui, si j'avais été à la place du pitit chéri auquel on nie tout défaut, on m'aurait pardonné bien des dires, bien des éclats. Là, si je ne suis "que" la copine (et que, conventionnellement parlant, je ne sers pas à grand chose, sinon à tuer le temps libre symbolisé par les sorties personnelles du chéri sus-cité), on peut risquer de se froisser, ce n'est pas bien grave. Difficile de sortir de ce cercle vicieux avec certaines filles (beaucoup ?). Alors parfois je m'imagine en viril séducteur, avec les mêmes dires et les mêmes pensées, mais version Matou... & ça m'énerve de toute façon.
    8
    Flou
    Dimanche 29 Avril 2007 à 11:35
    homme
    Ah oui j'ai compris. A ce propos, j'ai vraiment du mal à t'imaginer en homme.
    9
    Dimanche 29 Avril 2007 à 14:16
    Boah...
    ... Juste une question d'enveloppe, d'apparence ?! Du reste, je ne sais pas si le contenu de mes dires changerait tant que ça. Juste les réactions de certaines (je pense en particulier à mes ex-"amies"), qui glousseraient à la moindre de mes blagues (même graveleuse) et admireraient mon côté 'révolté'. Ca passerait bien mieux, je crois. Enfin, c'est sûr qu'à  ce niveau là, c'est vraiment de la fiction ! ;o)
    10
    Flou
    Lundi 30 Avril 2007 à 14:13
    probablement
    Peut-être que ça passerait mieux, effectivement...
    11
    Lundi 30 Avril 2007 à 15:40
    C'est certain...
    On me pardonnerait bien des éclats. Mais cela dénote tout de même un problème de fond, que je ne vis pas toujours très bien (et c'est peu dire !). Alors je pense sincèrement que ces comportements somme toute artificiels & injustes me désarçonneraient, même dans une enveloppe 'virile'.
    12
    Apache
    Lundi 7 Mai 2007 à 20:33
    visite en retours
    Coucou, Vu que tu es venue faire un tour sur mon blog et que tu as laissé des traces de ton passage (merci !), je te renvoie la politesse, et te lis avec plaisir. Ca change des platitudes et des textes mal écrits. Je ne te dirai pas ce que je pense de ton texte, j'aurais l'impression d'être indiscret. Au plaisir de te relire.
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    13
    Mardi 8 Mai 2007 à 12:15
    a voir
    Quelque chose qui va dans ton sens http://inbedwiththeweb.over-blog.com/article-6486144.html
    14
    Bill
    Lundi 14 Mai 2007 à 07:07
    Oui Non
    Vice les cockers infidèles ! On attends rien d'eux c'est pour ça qu'ils ne nous trahissent pas. Finalement C'est tes désirs qui te décoivent pas les autres.
    15
    Vendredi 18 Mai 2007 à 13:21
    Moutonnades & abjectitudes
    Merci beaucoup, Apache. Oui, cet article est indirectement lié au système patriarcal que je dénonce via l'exemple de cette dite amie (se serait-elle battue pour pouvoir être louée à ma place ?! ;o)). La vidéo 'Rentawife' - dans toute son ironicité ou non - me fait penser à ce que l'on appelle on ne peut plus hypocriement "mariages de plaisir" (!) dans certains pays du Proche-Orient : il s'agit pour un homme relativement âgé de louer une très jeune fille, vierge, bien entendu (bonjour le critère, encore), puis de s'en débarrasser le moment velu, voulu, venu, euh... Enfin quand IL le désire, quoi. Bien entendu, l'"épousée" est trrrès très mal considérée dans la société dan laquelle elle n'a évidemment pas choisi de baigner (eh oui, elle n'est plus vierge, donc c'est une pute ! Pôbien) et subit bon nombre de violences, cela pouvant aller jusqu'au meutre. Voilà où on en est, & le regain me semble évident un peu partout, finalement. Billounet, sais-tu qu'il n'a pas plus fidèle (à UNE personne élue) qu'un cocker ? :o) Quant au fait d'être déçue par ses propres désirs, euh... A vrai dire, je ne parviens à comprendre comment cela peut-il être possible.
    16
    Lundi 21 Mai 2007 à 00:52
    hein ?
    Tu es de Lille aussi ??? Bah ... fallait me le dire, on aurait pu tenter de se rencontrer !!!
    17
    Lundi 21 Mai 2007 à 02:56
    Rijseloise d'adopchion
    Ah ?! Je pensais que tu savais ! ;o) Eh bien il n'est pas trop tard : personnellement, j'y habite toujours !
    18
    Lundi 21 Mai 2007 à 05:15
    Eh oui
    J'ai connu à plusieurs reprises ce type de déconfiture. Ou l'on devient subitement une "rivale" potentielle à chasser d'urgence hors de son cercle intime, à moins de présenter patte blanche, la patte en question devant être masculine, ça va de soi. Combien de scènes dignes du théâtre de boulevard, où d'anciennes amies se montraient désastreuses, prêtes à toutes les turpitudes et toutes les trahisons pour s'assurer de la préférence absolue de leur (qui dit) "proie" (qui dit) "territoire"... Et ces soirées d'où l'on t'exclut toi parce que tu viendrais seule et que, en conséquence, tu serais une possible "tentation", comme si, bien sûr, on n'était qu'un plat de gourmet à disposition et ne rêvant que de se faire manger. Finalement, je vis entourée d'amis mecs, et de précisément cinq amies "en couple" qui ne se sont jamais définies fonction du regard de leur compagnon. Cela dit, quand mes amis mecs, pour certains, se retrouvent parfois affublés d'une Bridget, elle les rend vite fait invisibles. Mais rassurons-nous, ces chers hommes n'apprécient guère non plus de se faire aliéner, et de devoir renoncer à de longues amitiés à cause de la triste hystérie de ces anciennes, oui, jeunes filles qui furent confiance et partage, surent un jour ce qu'était l'amitié.
    19
    Lundi 21 Mai 2007 à 12:32
    C'est tout à fait ça, malheureusement...
    ... & j'ai mis bien du temps à analyser le phénomène, naïve que j'étais (je le suis d'ailleurs encore, parfois), et sans doute même totalement in-cons-ciente rapport à l'existence de ce système retors. Les non-invitations de dernière minute aux soirées (dont le dessein s'esquisse à loisir), j'ai connu aussi : d'une part parce-qu'il était effectivement souhaitable d'éloigner les "rivales potentielles ou avérées" (notons par ailleurs la 'qualité' de passivité que nous nous devons d'avoir face au prédateur dit hormoné, nous autres viles femelles), d'autre part parce-que mes "amies", qui avaient fini par se trouver un mâle aimé, ne voyaient plus trop l'utilité de me fréquenter. Egotisme, hétérocentrisme, individualisme, formatisme et j'en passe. Déroutant. Alors comme il était fooorcément plus facile de se faire accepter par les représentants du sexe masculin (je schématise volontiers afin de suivre leur propre fi-fil avarié ;o)), tout comme toi, je traînais assez souvent avec eux (ce qui n'était pas facile pour ma ré-put-a-tion : ah, ah... J'ai vraiment grandi chez les arriéré-e-s, quand j'y pense), ce qui ne me préservait pas pour autant d'historiettes à deux balles dont je me serais fort bien passée. Bien à toi, Chaminouragan*
    20
    Bill
    Mardi 22 Mai 2007 à 00:55
    La nonnerie
    Alors d'abord c'est vrai le cocker est fidèle, il n'est juste pas exclusif. Mais au fond ce que je voulais dire c'est que ce qu'on appele de la fidélité chez un homme aucun petit roux ne la respecte et personne ne s'en offusque. De plus un chien change assez facilement de maître ;) La raison pour laquelle tu es déçue ; c'est par ce que tu atendais de quelqu'un quelque chose que tu n'as pas visiblement pas obtenu. Donc si tu voulais ne pas être déçue il fallait que tes désirs n'existent pas. C'est plus simple de se contrôler soit que les autres après tout, d'ou la reflexion sur les désirs qui déçoivent. Pour faire un parallèle essaie de regarder la logique monacale. Pas de désir = pas de frustration. C'est loin d'être parfait comme logique mais c'est une piste interessante pour éviter certaines désillusions et tristesses. Bref on attends pas d'un joli toutou qu'il vous ramène un bel homme mais un gros rat.
    21
    Mardi 22 Mai 2007 à 02:01
    Un gros rat bien moelleux (j'en ai un, je dors parfois avec, et la bête l'aime bien aussi)
    On peut, ami cockerophile, comparer là l'attitude de l'oreillard velu à celle de l'homme, selon moi (à la différence près que l'on s'offusquera vite fait du comportement du mari, ou plus certainement, de la femme infidèle, du fait de certains dogmes sociétaux). Ce que je voudrais stipuler, c'est que je ne suis pas exclusive non plus. En fait, je dois même avouer que je déteste ça : pour moi, personne ne m'appartient tout comme je n'appartiens à personne (j'aime trop ma liberté). Cela ne doit cependant pas m'empêcher de me comporter de façon juste et humaine, voilà sans doute ce que j'attendais de mes prétendues "amies". C'est là bien moins qu'un désir, plutôt une chose qui devrait aller de soi... Si ce maudit patriarcat ne nous divisait pas comme il le fait encore de nos jours (et comment !). Alors oui, en effet, peut-être que j'en demande trop, ou que je n'ai pas été assez difficile rapport à mes fréquentations d'antan. Sinon, je me demande bien si les moines étaient réellement exempts de désirs. Mais dans un sens, je comprends un peu la démarche, tentant parfois moi-même de me protéger afin d'éviter les désillusions qui font mal.
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