• Je passe actuellement quelques heures par jour à dévorer des ouvrages d'il y a près d'un demi-siècle, et souvent, je me dis que rien n'a vraiment évolué au niveau des mentalités. Pire, je perçois comme un regain de machisme primaire depuis quelques années. Il faut toujours rester vigilant-e-s, Toujours. On ne le répétera jamais assez.

    Un extrait de Toilettes pour femmes, de Marilyn French (la protagoniste vit aux Etats-Unis dans les années 50) :

    "Elle [Mira, suite à une soirée passée dans un bar] était accablée. Voilà donc tout ce que cela voulait dire, tous les trucs bizarres qu'on lui avait appris. Tout s'éclairait, tout s'expliquait. Et ce tout était trop lourd pour elle. D'autres filles allaient dans les bars, d'autres filles dansaient. La différence était qu'elle avait donné l'impression d'être seule. Qu'une femme ne fût pas marquée comme propriété d'un mâle en faisait une putain en chaleur susceptible d'être attaquée par n'importe quel mâle, ou même par tous en même temps. Qu'une femme ne pût pas sortir et s'amuser à danser sans se soucier de ce que penseraient (ou pire, c'était bien probable) tous les mâles, voilà qui lui semblait une grande injustice qu'elle n'arrivait pas à l'avaler.

    Elle était femme et cela seul suffisait à la priver de liberté, quoi que pussent dire les livres d'histoire, qui prétendaient que le droit de vote pour les femmes avait marqué la fin de l'inégalité ou que l'on déformait les pieds des femmes uniquement dans un pays anachronique, pas à la page et étrange comme la Chine. Elle n'était constitutionnellement pas libre. Elle ne pouvait pas sortir seule le soir. Elle ne pouvait pas, dans un moment de solitude, sortir dans une taverne pour boire un verre en compagnie. Les deux fois où elle avait pris un train de jour, pour visiter les musées de New York, elle avait été draguée sans arrêt. Elle n'avait même pas le droit de donner l'impression d'être sans escorte, si cette escorte désirait la laisser tomber, elle était perdue. Et elle n'avait même pas le droit de se défendre : il lui fallait s'en remettre à un mâle là aussi. Et quoique faible et boiteux, Biff [atteint de la polio] était plus à même qu'elle de s'occuper de toutes ces choses là. Si ces types s'en étaient vraiment pris à elle, toute sa colère, toute sa hauteur et toute sa force ne lui auraient jamais servi à rien".

    J'ai franchement l'impression de relire un fragment de ma jeune vie d'adulte (en 1998, j'avais le même âge que Mira). Dix ans plus tard, je me fais toujours harceler dès lors que je m'affiche seule, on me conseille toujours de me faire chaperonner "faute de mieux", d'étranges réputations courent à mon propos, et il m'est impensable d'entrer seule dans certains bars de nuit.

    Tout ça dans nos pays qui se targuent d'être égalitaires et civilisés.

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  • « Les femmes, même si elles ne sont pas économiquement dépendantes, sont encore contraintes de modifier leurs désirs (sexuels) pour pouvoir satisfaire leurs besoins les plus importants : la nourriture, le toit, la protection et la sécurité ; et, pour la plupart, elles renoncent à analyser leur vie sexuelle. Même si leur situation s'améliore et les rend indépendantes de ces contingences (par leur fortune personnelle, une brillante carrière, un essaim d'admirateurs, etc.) elles sont trop habituées à voir l'autre définir péremptoirement leur structure sexuelle et conjugale, elles renoncent à réévaluer leur style de vie. Elles continuent à croire aux mythes dont elles ont entendu parler en ce qui concerne leurs besoins affectifs et sexuels ».

    (Dr Pepper Schwartz - extrait cité dans Le Rapport Hite)


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    Le 14 juillet 2008, jour de fête nationale (en France), rendons la République à ceux qui la gouvernent !

    Le collectif La Barbe appelle les femmes de France à grimper au menton de toutes les femmes de pierre - allégories de la République, de la Nation, du Pouvoir Politique sous toutes ses formes - pour les orner d'une barbe postiche :

    Statues de la Victoire, statues de la Fraternité, Egalité et Liberté, Patries éplorées donnant le sein à ses rejetons, Nations et Justices, mères nourricières, accoucheuses du Pays ou porteuses du Monde, effigies protectrices de nos Villes, et toutes les Mariannes de nos Mairies...

    Mode d'emploi :

    1. Avant le 10 juillet : prendre une photo de la statue de votre choix, encore imberbe. Nous l'envoyer (labarbelabarbe-at-gmail.com) avec une légende (ex : "L'âme de la France", place du 18 juin, Lyon).
    Cette étape est facultative : elle nous permettra d'attirer l'attention de la presse en amont de l'action.

    2. Fabriquer au moins deux barbes dans de la fausse fourrure : une pour votre menton, l'autre pour la statue ciblée. Si vous montez à plusieurs, barbez-vous toutes. (cf patron en attaché)

    3. Entre le 13 et le 14 juillet au matin : monter sur la statue, la flanquer d'une barbe en passant un élastique autour de sa tête (attention, pas de dégradation, pas de colle ni de peinture).
    Demandez à un ou une comparse de vous prendre en photo là-haut. Laissez la barbe au menton de la statue, mais n'oubliez pas de redescendre.

    4. Avant le 14 juillet midi : envoyez les photos à La Barbe (labarbelabarbe-at-gmail.com), et à votre quotidien local si possible, en rappelant dans votre mail l'emplacement et le nom de la statue.

    Un dossier de presse reprendra l'ensemble de ces exploits, les statistiques des inégalités hommes/femmes dans le monde politique, et une présentation du mouvement La Barbe. Vous pourrez le télécharger sur le site à partir du 12 juillet, pour l'envoyer à la presse avec vos photos.

    La Barbe est un collectif d'action féministe d'un drôle de genre, qui dénonce l'hégémonie masculine dans les lieux de décision des secteurs politiques, médiatiques, culturels, financiers...

    Pour en savoir plus sur ce mouvement : www.labarbelabarbe.org
     

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