Texte trouvé en faisant le ménage (eh oui, j'adore, c'est dans mes gènes ;o)) avant de réinstaller mon ordi :
"Cher futur président,
Je veux te raconter une histoire pour te parler de l'insécurité dont tu nous rebats les oreilles à longueur de campagne :
Dimanche, vers 19 heures, je me rends chez un ami. En arrivant sur le quai de la station Jussieu, je repère un mec, qui marche devant moi, entre 25 et 30 ans, qui lance un "alors, bonne salope ?" à une nana qui baisse illico la tête. Le mec s'éloigne et je décide de me mettre entre lui et elle, au cas où.
Je lis debout sur le quai, et je l'entends qui fait d'affreux bruits de bouche (pets, claquements de langue, kss kss et autres raffinements).
Je lève la tête et je vois qu'il me mate droit dans les yeux en continuant ses bruits de bouche. Je lui demande poliment : "vous avez un problème, monsieur ?". Le mec fonce sur moi avec une haine incroyable dans son regard, et balance mon livre sur les rails. Une jeune fille proche lui lance "ça ne va pas, non ?" et son livre se retrouve près du mien. Il l'agrippe, la secoue et personne sur le quai (environ 100 personnes) ne réagit, malgré le barouf que cela fait. Il semblerait que nous soyions au spectacle, pour ces messieurs-dames !
Je me farcis quasiment tout le quai pour aller appuyer sur le bouton appelant le chef de station (alors que des gens stationnaient à moins d'un mètre de l'appareil sans rien faire!). Le chef de station arrive, je lui explique le problème (avec l'aide d'une dame -encore- qui confirme mes dires).
Le mec, depuis que je me suis dirigée vers la machine d'appel, s'est remis tranquillement à attendre le métro alors que la jeune nana s'est plaquée contre le mur, tête baissée, pour ne plus avoir d'emmerdes.
Il n'y a plus que la dame et moi à dire qu'il s'est passé un problème, quoi...
Le métro arrive, le mec monte dedans, la dame et moi demandons au chef de station ce qu'il fout, au juste, et il nous répond qu'il "va signaler l'incident". Et le métro part, emportant le connard et les lâches au loin... Le chef de station se barre, pépère, et la jeune nana et moi descendons, au péril de nos vies, récupérer nos livres sur la voie.
Je suis écoeurée. Par le mec, bien sûr (quel beau symbole, en plus, que de jeter les livres que tiennent deux femmes sur les rails !), mais surtout par la réaction tant des gens que du chef de station.
Je ne comprends pas. On m'a toujours appris que la vie en société, c'était protéger les autres pour être aussi protégée par les autres en cas de besoin, et là je n'ai vu qu'un troupeau de veaux ahuris et tétanisés par peur d'un seul mec ! Une centaine d'hommes et de femmes ayant peur d'un seul individu, apparemment même pas armé.
Je ne demandais même pas une intervention directe, mais que ce soit moi qui ai été obligée d'aller appuyer sur ce bouton alors que des gens stationnaient à côté, mais on rêve, là, ou plutôt on nage en plein cauchemar !
L'insécurité, elle est là : elle est dans la lâcheté de ces gens.
Je comprends mieux comment en France on peut se faire violer dans un train plein, quand je vois les lâches qui peuplent ce pays.
Je suppose que personne n'ose non plus tirer la sonnette d'alarme (qui est faite pour ça).
C'est donc bien le règne de la terreur, puisqu'un seul mec tétanise un quai entier de voyageurs.
Je suis fière d'avoir parlé, d'avoir appuyé sur ce petit bouton, d'avoir montré qu'on peut réagir, d'avoir dit que ces mecs-là ne feront pas la loi. Si personne ne réagit jamais, ils gagneront, ils la feront, la loi, celle de la jungle, et l'on ne pourra plus se plaindre, parce que nous, citoyen-ne-s, nous n'aurons rien fait pour les contrer.
Par contre, j'ai vraiment honte pour ceux qui n'ont rien fait.
Le mec s'en est allé, tranquille, dans son métro, où personne ne lui aura fait de remarques, c'est certain, libre de terroriser un autre quai, une autre rame, peinard, la rue est à lui : bravo les lâches, et merci !
Alors, cher futur président, plutôt que de vouloir mettre un flic derrière chacun, si tu disais un peu aux français que c'est leur lâcheté qui fait le terrain de l'insécurité, hein ? Si tu leur parlais de responsabilité, un peu ?"
Si vous connaissez le nom de son autrice, n'hésitez pas à me le signaler !
Heu, Chaminou, tu vas rire : c'est moi, l'autrice. Tu ne peux pas savoir comme ça m'a fait un choc, de voir ça dans mon agrégateur de blogs, là, y'a deux minutes ! :-)))