• « Monsieur le Préfet,

    Je n'admets pas cette exclusion en masse des femmes, qui n'ont été privées de leurs droits civiques par aucun jugement. En conséquence, je laisse aux hommes qui s'arrogent le privilège de gouverner, d'ordonner, de s'attribuer les budgets, le privilège de payer les impôts qu'ils votent et répartissent à leur gré.

    Puisque je n'ai pas le droit de contrôler l'emploi de mon argent, je ne veux plus en donner. Je ne veux pas être, par ma complaisance, complice de la vaste exploitation que l'autocratie masculine se croit le droit d'exercer à l'égard des femmes.

    Je n'ai pas de droits, donc je n'ai pas de devoirs.
    Je ne vote pas, je ne paye pas ».

    (Hubertine Auclert, Lettre à la Préfecture de la Seine, 1876)


    votre commentaire
  • "Les femmes sont victimes d'un tel conditionnement concernant leur image physique qu'elles se déshabillent rarement avec panache. Elles se sentent souvent tenues de s'excuser de ne pas être conformes à l'objet plastique du désir masculin tel qu'il est défini par les mass média. Leurs seins et leurs fesses sont toujours trop ceci ou trop cela, leurs bras trop velus, trop musclés ou trop maigres, leurs jambes trop courtes ou trop grosses, etc. La femme ne cherche pas à provoquer des compliments, elle cherche sincèrement une excuse. Le compliment doit la rassurer en affirmant que les imperfections n'existent pas, et non pas qu'elles sont sans importance. La femme qui déplore avoir des fesses trop basses ne veut pas que l'homme lui réponde "je m'en moque, je t'aime" mais "tes fesses sont parfaites, tu ne les vois pas comme moi je les vois".

    Les femmes qui ont les cheveux frisés s'efforcent de les aplatir, celles qui ont les cheveux raides, de les boucler, et ont recours à la teinture pour les éclaircir ou les foncer. Il ne s'agit pas seulement de suivre la mode. Les femmes sont mécontentes de leurs corps et souhaiteraient pouvoir les modifier à volonté. Les artifices utilisés par les femmes ne sont pas destinés à mettre en valeur la nature, mais à la déguiser, par peur et dégoût de la réalité. Une lumière tamisée, des dessous froufroutants, de l'alcool et de la musique leur donnent l'espoir de faire passer un produit de qualité inférieure qui, sous une lumière crue et complètement nue, risquerait d'être répugnant.

    L'empire qu'exerce le stéréotype est le facteur principal de cette haine de l'homme et de la femme pour le corps féminin. Tant que la femme réelle n'aura pas réussi à chasser ce spectre de son imagination et de celle de l'homme, elle continuera à chercher une excuse et à se déguiser tout en acceptant que l'homme soit ventripotent, chauve, qu'il ait des verrues ou mauvaise haleine. L'homme exige avec présomption qu'elle l'aime tel qu'il est, en refusant de faire l'effort de lutter contre les déformations physiques qui risquent d'offenser la sensibilité esthétique de son épouse. La femme, elle, ne parvient pas à se contenter d'être souple et en bonne santé. Elle s'épuise à se donner une apparence qui ne peut être obtenue que par une distorsion constante de la nature.

    Est-ce trop demander que d'épargner aux femmes d'avoir à lutter quotidiennement pour offrir une beauté surhumaine aux caresses d'un partenaire d'une laideur subhumaine ? Les femmes ont la réputation de ne jamais être dégoûtées. Hélas ! Elles le sont souvent. Non pas par l'homme mais, à son exemple, par elles-mêmes".

    (Germaine Greer, La femme eunuque, repris par Annie Goldmann dans Les Combats des Femmes - XXème siècle)

    5 commentaires
  • « Ni la sexualité féminine ni la sexualité masculine ne sont limitées par une "géographie génitale" et l'une des grandes victoires des relations publiques de tous les temps a consisté à nous convaincre que ces limites existaient. Le saphisme (et l'homosexualité masculine) est très naturel et c'est précisément pour cela qu'on lui a opposé des lois sociales et légales très rigoureuses. Le fait de fonder notre système social sur la différence des sexes et sur la fonction biologique de reproduction est barbare et devrait être remplacé par un système fondé sur l'affirmation de l'individu et sur le maintien de tout ce qui est vie sur la planète ».

    « Je pense que nous sommes tous nés sexuels", c'est-à-dire doués du désir naturel d'entrer en relation avec toutes les autres créatures - les animaux, les plantes, nous-mêmes, les femmes, les hommes - quand nous éprouvons pour elles de l'amour ou quand nous nous sentons en communication avec elles. Mais la société nous apprend à refouler ce désir, pour ne plus rechercher que des partenaires avec lesquels il est possible de procréer ; et elle renforce notre enthousiasme pour l'"acte" en nous imposant de force l'idéal de l'amour romantique combiné avec le mariage, jusqu'au moment où il nous est impossible de penser à autre chose ».

    (Shere Hite)


    3 commentaires
  • J'ai depuis quelques mois des problèmes uro-gynécologiques qui, associés à mes lourdeurs ventrales, rendent certains moments de mon quotidien assez difficiles à vivre.

    Comme ce genre de malheur n'arrive jamais seul, voilà que je constate il y a peu une drôle de boule à l'entrée de mon vagin. Ne trouvant pas cela très ordinaire, je me mets à contacter plusieurs spécialistes. Résultat : pas de rendez-vous avant fin Août. Il me faut rester dans le doute au moins deux mois. À moins que...

    La toile, comme vous le savez, recèle de sites qui nous permettent de discuter de nos problèmes de santé, et bien que toutes les hypothèses ne soient pas fiables et que certain-e-s feraient mieux de se taire, certaines pistes peuvent nous permettre de comprendre un peu plus ce qui peut bien se passer dans nos corps flétris, aigris (ben oui, un organisme de féministe, c'est forcément touché par l'aigreur aussi ;o)) ou meurtris. Et comme dans un cas comme le mien, un visuel vaut mieux qu'un long discours (de type : "Alors c'est une sorte de boule, euh... Beige, hem, non, plutôt rose, rouge, enfin... Non, ça fait comme des peaux, euh...), je me décide à poster une photo de la bête, bref résumé à l'appui.

    Photo qui, sur un site médical prétendument sérieux dont je tairai le nom, est immédiatement retirée. Motif (accrochez-vous bien) : il ne faut pas que les enfants voient cela, c'est inconvenant.

    Ben voyons...

    Sur un simple clic, les bambins dont on fait trop souvent semblant de se soucier peuvent tomber sur des scènes de viols et de tortures agrémentées de commentaires haineux, mais une simple photo anatomique (qui pourrait être utile à bien d'autres personnes qui souffrent de problèmes similaires au mien), c'est trop. Trop pour leurs petits yeux candides, leur âme pure et veloutée, leur adorable cœur rose si sensiiible, leur petite rate chérie... Autant vous dire qu'il vaut mieux souffrir du bras (là j'aurais pu en poster, des photos). Seulement, j'ai même pas pu choisir.

    J'en conclus donc que les dictionnaires médicaux familiaux doivent être, à l'inverse des pornos violemment misogynes (mouarf, je vais en attirer des cas avec les mots que j'utilise, moi), cachés dans des coffres en acier cadenassés à double tour, alarme en option en cas de Pandorite aïgue.


    6 commentaires