Les cris lancinants des ambulances vont et viennent de concert ce soir, et moi, j'erre, douloureuse, à l'affût de quelque inoubliable sonorité qui saurait me faire oublier ces ambiances festives quoiqu'un peu glauques pour qui peut bien gratter de cette manière atrabilaire qui semble être mienne.
Il est encore assez tôt et nombreuses sont les familles qui se baladent pour l'occasion. Dans quelques heures, une faune anonyme et quelque peu portée sur la boisson l'aura remplacée. Dix ans que j'y participe, à cette fête. De par ma présence, surtout. Jamais joué de quoi que ce soit pour l'occasion. J'en serais d'ailleurs totalement incapable, à présent. Jamais performé non plus. Rien. Pour l'heure, l'attention déplacée que me porte un passant m'indispose et j'aimerais juste pouvoir être invisible et me repaître des sons qui tentent de m'envahir...
Un didgeridoo s'affole au loin, et les groupes de rock habituels vont déjà bon train (je suis toujours étonnée de constater que les reprises rock mollassonnes ont tant de succès auprès du public). La petite fille qui a sorti son synthé suscite quelques sourires émouvants. Sacré début de patchwork, tout de même. Je m'étonne de ne pas encore avoir croisé de chorale de quartier, ou de regroupement catholique quelconque. Tout ch'perd, mes enfants, ah, vraiment, y a plus d'époque. J'en ferai part à Jack à l'occasion.
L'averse subite que je soupçonne être une conséquence de ce chaos-sonique m'arrache un sourire. Je me réfugie tout de même dans une galerie, puis décide d'aller faire un tour dans ce Vieux-Lille qui me rend mal à l'aise, allez savoir pourquoi. A son orée, un formidable trio jazzistique nous régale de ses compos. J'admire son jeu, son talent, je... Pour la première fois, ce style m'émeut vraiment. Je m'imagine alors à la place du batteur, tente de m'immiscer dans son ressenti... Puis me réveille ne me disant qu'après tout, il s'agit d'un milieu élitiste - autant que masculin - et que toutes ces choses là ne sont pas supposées être pour moi.
Plus loin, un groupe amateur de samba particulièrement porté sur la percussion attire beaucoup plus de monde. Niveau qualitatif, rien à voir avec ce que je viens d'évoquer, évidemment. Le contraste me fait alors songer qu'avec un jeu de casseroles usagées, n'importe qui pourrait en faire autant. Et bien qu'il soit vrai qu'humeur et bonne volonté pourraient presque nous faire tout oublier, je rumine, exigeante. Car je veux des sensations. Je ne suis pas sortie pour la forme (que je n'ai pas vraiment, avec ce ventre douloureux), ni pour rejoindre d'éventuel-le-s ami-e-s. Je veux être étonnée. Enchantée. Epoustouflée par quelque chose que je ne connais pas bien, surtout.
Devant la Voix du Nord, un groupe de capoeiristes joue le jeu. Le public se plaint du caractère lassant du rituel, alors que je présume qu'il est essentiel à la compréhension de cet art. Bon, finalement, je n'y vois pas grand chose... Faudrait vraiment faire plus d'un mètre soixante quinze pour pouvoir apprécier l'ensemble, je pense. Ou que ce chien de berger landais me file ses échasses, si toutefois je suis capable de tenir dessus, ce dont je doute, vraiment. Par ailleurs, il est un peu tard pour le prévenir, ce ne serait pas très poli de ma part.
Petit détour pour rentrer. Je tombe sur l'un de ces nombreux groupes qui reprennent médiocrement un titre connu de Noir-Désir, genre parodie très premier degré. Sombre héros, certes. Et les véhicules estampillés SAMU semblent se multiplier.
Oh, je ne sais pas pourquoi, mais à présent, je voudrais rentrer chez moi.
alors mon ti chaminou tu m'as l'air toute tristounette :( cha va ?? je n'y suis pas allée moi, j'ai préféré discuter ac olivier, plus sympa et moins solitaire comme ballade quoi que virtuelle plein de bisous j'espere que ton ventre ca va mieux biz'