• Médecin devenu écrivain, Talisma Nasreen mène un combat solitaire et courageux contre l'intégrisme islamique et l'oppression dont sont victimes les femmes du Bangladesh. Dès 1993, une fatwa est lancée contre elle (1250$ pour la tuer) par le Conseil des soldats de l'Islam pour son roman la Honte, qui décrit les persécutions d'une famille hindoue par des musulmans.

    Un an plus tard, sous la pression des islamistes, le gouvernement lance contre elle un mandat d'arrêt pour blasphème contre l'islam.

    Obligée de vivre dans la clandestinité, elle reussit à partir pour la Suède en août 1994, entame une campagne de sensibilisation auprès de l'opinion publique occidentale, puis retourne dans son pays pour y subir son procès.

    Dans Femmes, manifestez-vous, elle apporte ce témoignage :

    « Dans la foule, mille mains invisibles palpent les seins et les fesses des femmes et ce ne sont sûrement pas que des mains illettrées. Je ne proteste jamais contre ces agressions car je me dis que j'ai de la chance que personne ne m'ait encore défigurée en me lançant du vitriol. De la chance de ne pas avoir été violée par un troupeau d'hommes. De la chance d'être toujours en vie. Et je redoute ces violences, car j'ai commis un crime, celui d'être née femme. Malgré mes diplômes, ma culture, mon métier, je ne suis pas un être humain, je suis moins que rien. Une femme a beau avoir toutes les qualités, dans ce pays elle n'est pas considérée comme un être humain. (...) Comme moi, les femmes qui circulent dans la rue ne réagissent pas aux commentaires indécents que l'on fait sur leur passage. Toutes les adolescentes savent qu'aucun gamin inconnu ne se sentira coupable de leur cracher au visage de la salive mêlée de restes de bétel. Vol, vitriol, rapt, viol, meurtre, elles peuvent s'attendre à n'importe quel acte de violence ».

    (Extrait trouvé dans Les Combats des Femmes (Annie Goldmann) - XXème siècle)

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  • « Pourquoi aurions-nous donc un privilège ? Est-ce parce que nous sommes les plus forts ? Mais c'est une véritable injustice. Nous employons toutes sortes de moyens pour leur abattre le courage. Les forces seraient égales, si l'éducation l'était aussi. Eprouvons-les dans les talents que l'éducation n'a point affaiblis ; et nous verrons si nous sommes si forts ».

    (Montesquieu, Lettres Persanes)


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  • "Les femmes sont victimes d'un tel conditionnement concernant leur image physique qu'elles se déshabillent rarement avec panache. Elles se sentent souvent tenues de s'excuser de ne pas être conformes à l'objet plastique du désir masculin tel qu'il est défini par les mass média. Leurs seins et leurs fesses sont toujours trop ceci ou trop cela, leurs bras trop velus, trop musclés ou trop maigres, leurs jambes trop courtes ou trop grosses, etc. La femme ne cherche pas à provoquer des compliments, elle cherche sincèrement une excuse. Le compliment doit la rassurer en affirmant que les imperfections n'existent pas, et non pas qu'elles sont sans importance. La femme qui déplore avoir des fesses trop basses ne veut pas que l'homme lui réponde "je m'en moque, je t'aime" mais "tes fesses sont parfaites, tu ne les vois pas comme moi je les vois".

    Les femmes qui ont les cheveux frisés s'efforcent de les aplatir, celles qui ont les cheveux raides, de les boucler, et ont recours à la teinture pour les éclaircir ou les foncer. Il ne s'agit pas seulement de suivre la mode. Les femmes sont mécontentes de leurs corps et souhaiteraient pouvoir les modifier à volonté. Les artifices utilisés par les femmes ne sont pas destinés à mettre en valeur la nature, mais à la déguiser, par peur et dégoût de la réalité. Une lumière tamisée, des dessous froufroutants, de l'alcool et de la musique leur donnent l'espoir de faire passer un produit de qualité inférieure qui, sous une lumière crue et complètement nue, risquerait d'être répugnant.

    L'empire qu'exerce le stéréotype est le facteur principal de cette haine de l'homme et de la femme pour le corps féminin. Tant que la femme réelle n'aura pas réussi à chasser ce spectre de son imagination et de celle de l'homme, elle continuera à chercher une excuse et à se déguiser tout en acceptant que l'homme soit ventripotent, chauve, qu'il ait des verrues ou mauvaise haleine. L'homme exige avec présomption qu'elle l'aime tel qu'il est, en refusant de faire l'effort de lutter contre les déformations physiques qui risquent d'offenser la sensibilité esthétique de son épouse. La femme, elle, ne parvient pas à se contenter d'être souple et en bonne santé. Elle s'épuise à se donner une apparence qui ne peut être obtenue que par une distorsion constante de la nature.

    Est-ce trop demander que d'épargner aux femmes d'avoir à lutter quotidiennement pour offrir une beauté surhumaine aux caresses d'un partenaire d'une laideur subhumaine ? Les femmes ont la réputation de ne jamais être dégoûtées. Hélas ! Elles le sont souvent. Non pas par l'homme mais, à son exemple, par elles-mêmes".

    (Germaine Greer, La femme eunuque, repris par Annie Goldmann dans Les Combats des Femmes - XXème siècle)

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  • Je ramasse souvent les vieux journaux gratuits qui traînent avant de les parcourir tout en prenant soin d'annoter et de commenter les articles (même si je passe souvent les pages lorsque je tombe sur les rubriques "sport" et "people", par exemple). Quand quelque chose me marque, j'arrache alors le morceau et je le fourre dans mon sac. Voilà ce que je retrouve aujourd'hui :

    « Entendu aujourd'hui, près des Halles, à Paris : une jeune femme interpelle des gens dans la rue pour Action contre la faim. Un homme lui répond, en riant : "Je n'ai pas faim, merci". les 850 millions d'êtres humains menécés de famine apprécieront ».

    Stéphane, courrier des lecteurs (source : Metro, édition lilloise).


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