• (Après vous, comme d'hab...). Vous proposez ? Alors on dispose.
    Ne changeons rien, surtout.

    Non, il ne s'agit pas du leitmotiv du camelot désireux de vous refourguer le tout dernier vibro à tête de caniche bénéficiant d'une supposée troisième démarque depuis deux jours, ni du slogan de la boîte de tobléstérones à enrobage caramel-noisettes-amandes pilées garantis 3% de matières grasses, mais bel et bien du titre de la page de "blagues sur les hommes" que m'a envoyé mon père suite à une overdose de ma part de plaisanteries misogynes relayées par ses amis, voire par lui-même.

    Voilà où on en est, en 2007 : à perpétrer les clivages hommes-femmes sous couvert d'humour, tout en se tirant bêtement dans les pattes, style cour de récré et paf dans les gencives bien fait, t'avais qu'à pas commencer gros bouffon (souvent suivi d'un "Mais on vous aime bien quand même heeeeeein", ou d'un "Ah (soupir sensuel), que ferait-on sans vous" (bah, des tas de choses aussi, mais là n'est pas le problème, mes chéris)). Comme si j'aimais rentrer dans ce genre de jeu puéril & abscons (je n'ai pas quitté l'école pour rien, non mais !). Comme si être féministe se résumait à admirer toutes les femmes, et de détester tous les hommes. Comme si...

    Une mention spéciale accompagne ce qui pour moi s'apparente à un sombre torchonnet couvert de moisissures bleuâtres et de glaires de chimpanzé :

    "Envoyez ces histoires à toutes les femmes intelligentes qui pourront rire et aussi à tous les hommes qui peuvent supporter la vérité"...

    > Attention, Femmes, on vous aura mises en garde de par cette vile flatouillerie : si vous êtes fûtée, riez, qu'on vous dit, riez à gorge déployée (pour une fois qu'on vous autorise à avoir de l'humour ! Mais vous en avez, au fait ? C'est nouveau, ça... Ha, ha) des stéréotypes qui vont suivre au risque de passer pour une rabat-joie intégrale ! Mais vous aussi, Hommes, gaussez-vous de ces fadaises érigées en Vérité Aaaaabsolue ! Car quoi de plus bon qu'une bonne dédramatisation collective pour mieux faire passer la sexiste pilule ? Hu, hu, hu...

    Mais je crois que vous attendez ces bons mots. Les voici :

    "Pourquoi l'homme penche-t-il la tête quand il réfléchit ? Pour que ses deux neurones entrent en contact".

    "Pourquoi les hommes ont-ils la conscience tranquille ? Parce qu'ils ne l'ont jamais utilisée".

    "Pourquoi les hommes aiment-ils autant les voitures et les motos ? Celles-là au moins, ils peuvent les manipuler".

    "Quelle est la différence entre un homme et une tasse de café. Il n'y en a pas : les deux tapent sur les nerfs".

    "Quelle est la différence entre un homme et un chat ? Aucune, tous deux ont très peur de l'aspirateur".

    "Comment appelle-t-on un homme intelligent, sensible et beau ? Un homosexuel".

    "Quel est le point commun entre les nuages et les hommes ? Quand ils s'en vont, on peut espérer une belle journée".

    "Quel est le point commun entre les hommes qui fréquentent les bars pour célibataires ? Ils sont tous mariés".

    "Quelle est la différence entre un homme, une cravate et une ceinture ? La ceinture serre la taille, la cravate serre le cou, l'homme sert à rien".

    "Quelle est la différence entre le cerveau d'un homme et une olive ? La couleur".

    "Les mensurations idéales d'un homme ? 80 - 20 - 42 (80 ans, 20 millions d'euros sur le compte en banque et 42 degrés de fièvre)"

    "Que doit faire une femme quand son mari court en zigzag dans le jardin ? Continuer à tirer".

    "Les hommes sont la preuve que la réincarnation existe. On ne peut pas devenir aussi con en une seule vie".

    "Pourquoi les hommes ont-ils les jambes arquées ? Les choses sans importance sont toujours mises entre parenthèses".

    J'avoue que si certaines de ces trouvailles sont nulles à pleurer, d'autres me font parfois sourire. Ainsi, les hommes hétéros (puisqu'il est sous-entendu ici que les homosexuels sont tous des esthètes raffinés (quelle crétinerie)) seraient aussi bêtes qu'inutiles ("Mais on a besoin d'eux quand même heiiiin"), penseraient plus à forniquer qu'à passer l'aspitout (ce ne sont pas les seuls, hu, hu), et n'auraient de valeur que via la taille de leur, euh... Portefeuille. Soit. Tout le monde en prend pour son grade selon le genre qui lui a été attribué, c'est très bien, on a bien ri, voilà qui détend l'atmosphère pendant la pause café soluble lyophilisé à l'édulcorant gracieux.

    Ce qui m'échappe encore quelque peu, c'est que mon ascendant direct a cru bien faire en m'envoyant cela. Certes, ces blaguounettes cendrées n'auront pas d'impact sur mon propre quotidien, étant sensibilisée aux questions de genre et prenant ainsi un minimum de recul face à de tels dires, même si je ne me trouve personnellement pas totalement déformatée. Mais qu'en est-t-il de celles & ceux qui, inconsciemment, assimilent certains de ces clichés, et les perpétuent parfois avec le plus grand sérieux ? N'y a-t-il pas d'autre forme de riposte possible lorsque l'on nous impose, par exemple, des blagues phallocrates à chaque repas ? J'avoue trouver cela tellement conventionnel et attendu que je suis lassée, oui, lassée de ces formes d'"humour" facile que, dans des moments de grand désespoir, je manie par cynisme, comme pour mettre en évidence leur absurdité, qui pourtant devrait avant tout sauter aux yeux. Que crève l'abcès, purulence de notre époque qu'on dit évoluée, de cette société qu'on dit libre ("Chacun fait c'qui veut heeeein"), de ces individu-e-s (oui, je féminise aussi ce mot), recouvert-e-s de relents de sexisme du quotidien...

    Je pense finalement que j'aurais surtout aimé que, pour une fois, --- père (il m'énerve, ce possessif, voyez comme je l'ai viré négligemment, telle une mouche verte qui tourbillonnerait depuis trop longtemps à mon goût autour de mon PC) écoute ce que j'avais à dire, prenne en compte ce qui me dérangeait tant rapport au machisme qu'il entretenait avec ses potes... Mais je crois que je rêve, oui, je rêve. Mon engagement féministe n'est pas pris au sérieux. Il est une chimère que l'on calme à coups de plaisanteries archaïques et grotesques. "Voilà ton compte, femelle, tu peux te taire à présent". Tu les as, "tes" blagues. Talion. On a rétabli l'équilibre (tu parles). Ah, qu'est-ce que ce serait triste, un monde anti-sexiste, où le statut d'être humain compterait avant tout ! À tous les coups, même les blagues sur les blondes disparaîtraient. Quel dommage, vraiment !


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    Et consensus mou. Sors ton Bisounours et fais comme moi.

    Tu verras, c'est sympa...

    C'est comme ça, on n'y peut rien. Non, mais t'exagères, toi aussi.
    C'est pas si terrible, c'est pas grave, faut faire avec.

    Bon, on parle d'autre chose (air agacé)
    Hmmm, ça veut dire que je me tais ?

    Fait beau, hein ? (mine hypocrite, sourire forcé)
    "Beau" : qu'est-ce qu'on s'en fout...

    Allez, on est fatigué-e-s, je crois qu'il faut aller s'coucher (sommeil mal feint)
    Non, moi ça va très bien, j'avais juste envie de parler.

    Tous ces mots qui torturent, alors qu'ils sont faits pour anesthésier.
    Tous ces faux semblants d'amour et d'amitié
    Protocole établi, la vie en copié-collé.

    Tu te mêles de quoi, t'as pas connu ça, toi.
    "Tous les goûts sont dans la nature", tu sais ?
    Non, je ne sais pas (et je le trouve tellement idiot, ce leimotiv...)

    Et puis, si c'est leur choix ?

    Chacun est libre.
    Ah, je l'adore, celle-là.

    Bien entendu : tout le monde est libre de ses actes, de ses agissements, de son vécu, quoi. Il n'existe aucune infuence extérieure, aucune.

    Juste quelques caractéristiques, exclusivement nichées dans les gènes, sur l'hypopo, euh... Thalamus, aux creux de mes reins...

    C'est tellement plus simple de "raisonner" ainsi.

    Toutes ces phrases qu'on répète pratiquement sans le vouloir, sauf que souvent, on n'a rien contre non plus.

    Pourquoi ça me rend si triste, pourquoi ce mélange de lâcheté et de bêtise m'est si insupportable, alors que d'autres, apparemment, savent s'en accomoder avec brio ?

    Et puis pleurer, ça ne sert rien.
    Faut plus parler de ça.

    De toute façon, les gens font comme ils veulent, hein.

    C'est cela, oui.

    En attendant...

    Marre de cette démago bête à crever qui annihile tout débat, tout risque à l'erreur, toute tentative d'évolution. Marre de ces vitotages plats et monotones, de ce manque de courage et de créativité, de ces gens qui feignent l'endormissement.

    Et de cette peur imbécile du qu'en dira-t-on.

     


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