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    Hasard, éducation, culture, circonstances de la vie... Ces mots me viennent souvent à l'esprit rapport à tout ce qui peut concerner les fondements des relations humaines, notamment celles que l'on dit liées par l'acte sexuel (notez au passage le joli terme employé par mes soins).

    Hier soir, je me suis donc décidée à poster en public cette question que je me pose honteusement depuis des lustres :

     

    L'hétérosexualité est-elle vraiment "naturelle"?

    ...Ou sommes nous conditionné-e-s dès l'enfance à adopter ce modèle que l'on nous ressort à toutes les sauces, façon "Arche de Noé" {Contes avec "papa et maman" ours (complémentaires, ça va de soi), "as-tu un/ une petite fiancée" (sexe opposé, toujours), etc.}

     

    Homophobie oblige (et qu'on ne vienne plus me dire que je suis parano, et que les gens sont des modèles de tolérance !), je vous passe les multiples réponses haineuses ("Ils sont malades", "Faut les brûler"), ou banales à pleurer ("C'est contre-nature" (tiens donc), "Les animaux ne le sont pas" (ah bon, et depuis quand au juste ? ;o)) pour vous délivrer cette perle d'arrogance, de raccourcis et d'amalgames douteux :

     

    "oulah, toi t 1 pti pédé frustré (Ah bon. Parce-que je me pose juste cette question ? Quel rapport ? Et frustré (oui, apparemment on me prend pour un homme) par quoi, au juste ?). ha ha ha! (Ah, ça doit être amusant)

    k'est-ce tu vx mec (je vous l'avais dit que j'étais un homme), c comme çà (j'adore cette formulation, à peine bateau), 1 zizii doit aller ds une fouune (Aaah, mais bien entendu ! On encastre et puis c'est tout ! C'est tellement logique (Misère, je plains sa sexualité et ses éventuel-le-s partenaires)). c la nature (Ah, y avait longtemps) ke tu le veuille ou non mec (Il insiste, le bougre), si ct pa le cas tu ne serais pa sur terre (Qui lui dit que je n'ai pas des parents bi, par exemple ?), à moins ke t'as débarqué par la force du saint-esprit. :D (Ah, voilà qui est censé être drôle vu le smiley utilisé, mais que voulez-vous, je n'ai pas d'humour et je ne comprends rien à rien)

    tte chose (j'adore le terme "chose" dans un tel cadre) ki ne respecte pa cette réalité (Môssieur est le détenteur de LA Vérité pure, apparemment) est une déviance (Oh, malheur, oh, honte) même si je c k'on ne choisit pa son orientation sexuelle (Ah, s'il le dit...). fo le reconnaître (Euh... Vus les arguments employés, j'ai du mal, là).

    bien sûr, les ***** vont ptet me mettre des drapeaux rouges (= pour signaler un désaccord ou un abus, mais non, il n'y en a eu que deux, dont moi, c'est dire...), pr c propos, mé jm'en fou puisque c la vérité (On va le savoir que c'est toi qui la détiens) !

    fo arrêter de forcer les hétéro (la majorité) (Ah bon, depuis quand est-on certain-e-s qu'elle la représente ?) à adopter tel ou tel mode de pensée (Je lui renverrai bien le compliment, parce-que là, c'est un peu l'hospice qui se fout de la charité : je ne force personne en rien, j'essaie juste de comprendre), c aux homo (la minorité) de s'adapter au monde (En feignant d'être hétéros, si j'ai bien suivi ?). ce sont eux ki souffrent (Ah bon, mais qui lui a dit que les homos souffraient ?) et non les hétéro (Ah oui, ils sont tous heureux, tolérants, ouverts et bien dans leur peau, ça se sent !!! ;o))".

     

    Bon, on fait quoi, là ? On jette Bob l'Eponge ou on se muche dans une dimension parallèle ? M'enfin, à vrai dire, j'ai déjà l'impression d'y être, là...

     


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  • Les cris lancinants des ambulances vont et viennent de concert ce soir, et moi, j'erre, douloureuse, à l'affût de quelque inoubliable sonorité qui saurait me faire oublier ces ambiances festives quoiqu'un peu glauques pour qui peut bien gratter de cette manière atrabilaire qui semble être mienne.

    Il est encore assez tôt et nombreuses sont les familles qui se baladent pour l'occasion. Dans quelques heures, une faune anonyme et quelque peu portée sur la boisson l'aura remplacée. Dix ans que j'y participe, à cette fête. De par ma présence, surtout. Jamais joué de quoi que ce soit pour l'occasion. J'en serais d'ailleurs totalement incapable, à présent. Jamais performé non plus. Rien. Pour l'heure, l'attention déplacée que me porte un passant m'indispose et j'aimerais juste pouvoir être invisible et me repaître des sons qui tentent de m'envahir...

    Un didgeridoo s'affole au loin, et les groupes de rock habituels vont déjà bon train (je suis toujours étonnée de constater que les reprises rock mollassonnes ont tant de succès auprès du public). La petite fille qui a sorti son synthé suscite quelques sourires émouvants. Sacré début de patchwork, tout de même. Je m'étonne de ne pas encore avoir croisé de chorale de quartier, ou de regroupement catholique quelconque. Tout ch'perd, mes enfants, ah, vraiment, y a plus d'époque. J'en ferai part à Jack à l'occasion.

    L'averse subite que je soupçonne être une conséquence de ce chaos-sonique m'arrache un sourire. Je me réfugie tout de même dans une galerie, puis décide d'aller faire un tour dans ce Vieux-Lille qui me rend mal à l'aise, allez savoir pourquoi. A son orée, un formidable trio jazzistique nous régale de ses compos. J'admire son jeu, son talent, je... Pour la première fois, ce style m'émeut vraiment. Je m'imagine alors à la place du batteur, tente de m'immiscer dans son ressenti... Puis me réveille ne me disant qu'après tout, il s'agit d'un milieu élitiste - autant que masculin - et que toutes ces choses là ne sont pas supposées être pour moi.

    Plus loin, un groupe amateur de samba particulièrement porté sur la percussion attire beaucoup plus de monde. Niveau qualitatif, rien à voir avec ce que je viens d'évoquer, évidemment. Le contraste me fait alors songer qu'avec un jeu de casseroles usagées, n'importe qui pourrait en faire autant. Et bien qu'il soit vrai qu'humeur et bonne volonté pourraient presque nous faire tout oublier, je rumine, exigeante. Car je veux des sensations. Je ne suis pas sortie pour la forme (que je n'ai pas vraiment, avec ce ventre douloureux), ni pour rejoindre d'éventuel-le-s ami-e-s. Je veux être étonnée. Enchantée. Epoustouflée par quelque chose que je ne connais pas bien, surtout.

    Devant la Voix du Nord, un groupe de capoeiristes joue le jeu. Le public se plaint du caractère lassant du rituel, alors que je présume qu'il est essentiel à la compréhension de cet art. Bon, finalement, je n'y vois pas grand chose... Faudrait vraiment faire plus d'un mètre soixante quinze pour pouvoir apprécier l'ensemble, je pense. Ou que ce chien de berger landais me file ses échasses, si toutefois je suis capable de tenir dessus, ce dont je doute, vraiment. Par ailleurs, il est un peu tard pour le prévenir, ce ne serait pas très poli de ma part.

    Petit détour pour rentrer. Je tombe sur l'un de ces nombreux groupes qui reprennent médiocrement un titre connu de Noir-Désir, genre parodie très premier degré. Sombre héros, certes. Et les véhicules estampillés SAMU semblent se multiplier.

    Oh, je ne sais pas pourquoi, mais à présent, je voudrais rentrer chez moi.
     
     

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    Il me fait rire, le P'tit Robert Elec-tro-nique... Mais il a raison, la "vieille fille" est encore perçue comme cela !

    VIEILLE FILLE

    : femme qui a atteint ou passé l'âge mûr sans se marier
    (péj., implique des idées étroites, une vie monotone).

    Comme vous pouvez vous en douter, je trouve cela tronqué, en plus d'être rétrograde & hypocrite à souhait : à ériger, de manière indirecte quoiqu'avérée, l'union maritale comme idéal de vie pour les jeunes filles, on fait croire à celles-ci, et par extension, à la société toute entière, que les "vieilles filles" sont des frustrées qui ont raté leur vie {puisqu'elles n'ont jamais connu d'homme : ben oui, si elles sont seules, c'est qu'elles sont vierges (arriériste powa), les pôôôvres ! Et bien entendu, on ne s'imagine même pas une seule seconde qu'elles ont pu s'amuser avec des femmes ou quelqu'amant de passage, cela ne compte pas, voyons, quelle horreur}, qu'elles sont forcément laides & bornées ou encore, qu'elles en veulent à la terre entière, puisque - dois-je le rappeler - aucun homme ne leur a fait l'Honneur de s'intéresser à elles (ce qui est vraiment trop méga-top la honte, vous en conviendrez aisément).

    Une image d'Epinal, de Senlis, de Tarascon (ou de n'importe quelle ville, finalement) me vient alors, celle de la catholique à verrues, sévère, rachitique et bossue, aussi sensuelle qu'un saucisson rassis (peut-être croupit-elle par ailleurs dans quelque bibliothèque poussiéreuse la semaine, attendant impatiemment la messe le dimanche, sa seule sortie à l'exception de la visite à sa brave mère moribonde, à laquelle demeure entièrement dévouée, car il faut bien être tout de même dévouée à quelqu'un, sinon à quoi l'on sert, non mais). Alors que la fière épousée se doit d'être resplendissante dans sa robe de jeune vierge à volants, puis derrière son tablier, toujours heureuse de servir son mari et ses enfants qu'elle aime tant. Manque plus que l'Ami Ricoré, tiens. Je le trouve franchement dégueulasse celui-là, mais bon, il a le mérite de rassembler toute la famille, et ça, c'est important.

    Force est d'avouer que j'aime m'amuser avec les clichés, notamment parce-que je cerne ce qui se cache derrière depuis assez peu de temps. J'ai en effet longtemps cru que certaines de ces visions simplistes n'existaient plus que dans les villages les plus reculés, ou alors dans l'open-minded des plus de cent ans, abrutis par par le Bigdul et le Jour du Saigneur passés en boucle sur fond sevranesque avarié (remarquez, ils sont souvent sourdingues, alors ça se comprend à moitié). Cependant, il n'en est rien, aussi vrai que "finir seule" est encore vu ou vécu comme un échec pour la plupart. Je pense d'ailleurs être l'un des uniques cas du canton à qui cette situation, vue comme pathétique ou honteuse, ne me ferait rien, mais absolument rien du tout, tant ces apellations - outre le fait qu'elles ne risquent pas de m'atteindre (bien au contraire ;o)) - sont pour moi emplies de poils bleuâtres (= indices de la péremption), de rance, et de minous (= boules de poussière. On dit aussi des "moutons", dans nos contrées).

    Le chemin de la Liberté, on le sait, est truffé d'embû-bûches, et nous savons qu'il reste encore beaucoup de choses à accomplir ou à préserver. Nous disposons cependant du luxe (!) de pouvoir ici CHOISIR (dans la mesure du possible, certes) le mode de vie qui nous sied. & même si depuis quelques temps, certains membres de ma famille me tannent avec ces histoires de vie à deux (on ne peut pourtant pas dire que ça leur a réussi, sincèrement), j'entends bien vivre comme je le souhaite, sans emmerder personne (et j'aimerais réciproque se fasse, tant qu'à faire), et loin des diktats à la noix de pécan qui me donnent de l'eczéma atypique, comme on dit.

    Vivement que l'on m'appelle "vieille fille", tiens, je préfèrererai largement cela à un éventuel "Madame Robert Petit", qui sous-entendrait alors que, sans mon petit mari adoré que je dois chérir au quotidien, on me nie toute existence propre, toute individualité, toute personnalité... N'oublions pas non plus ce que l'on chuchote encore dans nos féroces campagnes : "La femme est faite pour l'homme, l'homme est fait pour la vie !"

    La "vieille fille" n'est pas une femme telle que certains barbons du machisme la conçoivent. Tant mieux, justement. Je signe des deux pattes (ces tares de TTC m'ayant appris à marcher sur celles de derrière), et les ferai parler. Une "fille", passé un certain âge, semble être encore, dans le langage commun, une bigotte encroûtée, ou alors une pute. & si c'était simplement notre Libre Arbitre (qui c'est encore, celui-là ?) qui faisait peur ? :o)

    Le non-nonos pas surnuméraire du tout*

     


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    Aujourd'hui, j'ai sillonné, le ventre lourd et l'âme en peine, les rues de ce Lille qui sut me charmer il y a de cela quelques années. Années au cours desquelles je me souviens avoir progressivement perdu une "amie", laquelle avait pour moi le tort de vouloir pricipalement vivre dans le regard des hommes. Cette tendance (qui lui faisait par ailleurs perdre de vue le reste), ainsi que son compagnon qui, paraît-il s'intéressait à moi, ont fini par nous séparer pour de bon. L'instigatrice d'un désir feint dont je fus par définition jugée seule responsable m'avait de prime abord bêtement culpabilisée, puis fait prendre conscience des perceptions et autres conditionnements qui pouvaient polluer la vie de mon accusatrice. Victime, comme on aurait pu le prédire, des insatiables humeurs de celui qu'elle semblait vouloir se garder l'exclusivité, la voilà qui, aux dernières et hasardeuses nouvelles, persistait à se dire qu'il était - malgré tout (et l'on notera le "tout" en question qui, connaissant le personnage, en dit plus long que tout le reste) - grand temps pour elle de vivre en couple et de fonder une famille. Après avoir sorti les dernières statistiques en date pour se rassurer ("Suis-je dans les temps où dois-je déployer une stratégie à la Bridget ?!"), il semble d'usage d'éloigner tout ce qui peut être perçu comme une concurrente potentielle (ce qui au passage, est tout à fait me connaître), seule chose à laquelle je souscris des deux pattes, lasse d'avoir à répéter deux mille et sept fois les mêmes évidences...

    Je ne vous cache pas, une fois de plus, mon amertume. Mais il ne s'agit pas là d'accuser le contrecoup en agonisant véritablement qui que ce soit sans se poser quelques questions, notamment relatives à l'étendue de ce système patriarcal, lequel continue à distiller insidieusement des comportements qui, on le sait, tendent à me faire méditer. Pour moi, il est pourtant plus que temps d'être solidaires, et nous devons passer outre cette pseudo-rivalité qui, de tous temps ou presque, a visé avant tout à nous diviser.

    Il est par ailleurs évident que j'aurais voulu que cette personne comprenne que je ne souhaite aucunement ce type de relation malsaine et chronophage, pas plus que je ne rêve d'ingurgiter les notions de propriété et d'exclusivité qui, si elles peuvent se justifier parfois, m'ont lassée à tout jamais rapport à cette tranche de vécu en particulier.

     


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